La conteuse

Catherine Ahonkoba nous emmène à la découverte de son Afrique multiple, l’Afrique de ses origines.

A l’Ouest, le Golfe de Guinée, terre de l’ancien royaume du Dahomey et berceau du vaudou, culte de ses ancêtres paternels ; Pratiqué du pays Ashanti au delta du Niger.

Un pas vers l’est et nous voilà en Afrique Centrale, le bassin du Congo, son massif forestier, ses reliquaires et leurs gardiens qui luisent dans les creux des arbres sous la protection des grands monts qui veillent. Nous sommes en territoire bantoue. C’est dans cette terre, au pays bamoun (Cameroun) que la grand-mère paternelle de Catherine a fait ses premiers pas de danse guerrière. On y fête ainsi le retour d’un père, d’un oncle, illustre guerrier de la famille. Cette même coutume qu’on retrouve chez les zoulous, autres bantous que  les vagues de migrations ont conduit là-bas au Cap, à l’extrême Sud du continent.

L’origine maternelle de Catherine, située dans le littoral du Cameroun (Sawa), est pour partie issue de la branche orientale de mouvement des populations bantoues  qui dans une (seconde) vague migratoire a quitté des confins du delta du Niger vers la côte-est du continent, a traversé la vallée du grand Rift, plongé dans les fonds des grands lacs, s’est hissé au sommet du Kilimandjaro pour se répandre en Afrique de l’Est (région swahili-phone) et pousser, pour certains, plus au Sud.

Enfant, Catherine est d’abord bercée par la parole de sa grand-mère qui raconte en travaillant. Une parole douce et posée qui, de conte en conte, répond à ses questions d’enfant. Une parole caressante ; contes, fables et chants rythmés à coups de pilon ou de « roulis » des grains dans le fond des tamis.

Jeune fille, au profit d’une maladie, Catherine est admise à la véranda : le domaine paternel. Aux côtés de son père, elle découvre la parole tonitruante et plus enlevée des hommes, des mimes, des gestes amples. C’est le corps tout entier qui raconte ; il accompagne le mot, le prolonge, l’incarne. Une illustration, ponctuée de grandes envolées lyriques qui donnent aux petits événements du quotidien une dimension épique ; Catherine est fascinée.

C’est de tous ces/ses contrastes qu’est fait ce style doux et puissant propre à Catherine. La rencontre d’une parole sereine et toute en retenue de sa grand-mère et celle physique et fantaisiste des hommes de la cour paternelle.

Son répertoire est constitué de récits qu’elle puise dans ses cultures multiples ; d’origines et d’adoptions. Des récits et contes traditionnels bien ancrés dans le présent et toujours racontés en rythme et en chants.